Plan épargne logement : ma banque peut-elle clôturer mon PEL sans mon accord ?

Image 25-03-2021 à 17.55

Vous faites partie des chanceux détenteurs de PEL rémunérés à 2,50% voire plus de 3% ? Une aubaine ! Votre banque peut-elle vous en priver du jour au lendemain ? Non. Mais attention à ne pas tomber dans l’un des deux pièges pouvant entraîner une clôture.

« Alors qu’est-ce que l’on fait de votre PEL ? » En posant cette question prétendument innocente, certains banquiers tâtent le terrain pour aborder la question de la fermeture de votre plan épargne logement. Une question qui survient le plus souvent à l’approche d’une des échéances du PEL : un anniversaire d’ouverture du plan, l’échéance des 10 ans, etc. Les courriers envoyés aux 28% de Français détenteurs (1) de PEL sont parfois rédigés dans un vocable juridique ne permettant pas de comprendre clairement les différentes options possibles. Un flou volontaire ? Car les PEL coûtent très cher aux banques : 2,65% en moyenne (2) !

Ayez à l’esprit que, tant que vous respectez les règles d’alimentation du plan, la banque n’a aucun moyen de vous contraindre à le fermer ! Vous avez dans tous les cas le droit d’épargner sur votre PEL pendant 10 ans. Et vous pouvez ensuite conserver votre PEL – sans effectuer de retrait – aussi longtemps que vous le souhaitez si vous l’avez ouvert avant mars 2011, et jusqu’aux 15 ans du plan si vous l’avez ouvert depuis cette date. Mais attention, pour profiter au maximum de l’aubaine de ce plan vous rapportant 2%, 2,50%, voire plus, chaque année, il faut veiller à ne pas être pris en défaut sur les deux principales règles de fonctionnement.

 Piège n°1 : la régularité des versements

Mission prioritaire : déposer 540 euros minimum chaque année sur votre PEL. Mission annexe : échelonner ce dépôt annuel avec des versements « à échéances régulières, mensuelles, trimestrielles ou semestrielles », comme le réclame le Code de la construction et de l’habitation, le texte de loi qui édicte les règles du PEL.

Résumons : la loi vous contraint à alimenter votre PEL de façon régulière, chaque mois, chaque trimestre ou chaque semestre, de façon à atteindre 540 euros de versements sur l’année. Le Code de la construction et de l’habitation est le seul et unique texte de référence pour le PEL. La loi ne livre pas plus de précisions, ni le mode de versement (chèque, espèces, virements…) ni sur la provenance de ces versements (compte dans le même établissement ou non, compte au nom du titulaire ou non…). En revanche, si votre banque livre elle des directives sur le mode d’alimentation dans les conditions générales du PEL que vous avez signées, elle est en droit de réclamer le respect de ces règles contractuelles.

Des banques de plus en plus strictes ?

« En raison de la nature règlementaire du PEL, tout manquement à ces obligations légales entraîne sa clôture », explique la médiation de la Fédération bancaire française dans un rapport annuel. Le média MoneyVox a recueilli plusieurs témoignages laissant penser que les banques se montrent de plus en plus strictes sur cette règle de régularité de versements. A savoir, pour éviter une clôture non voulue !

 Piège n°2 : ne pas trop s’approcher du plafond !

61 200 euros : il s’agit du plafond réglementaire de versements du plan d’épargne logement. Un plafond qui s’applique non pas à l’épargne accumulée sur votre plan mais bien à la somme de l’ensemble des versements. La banque vous informe du cumul de vos versements dans le relevé d’information annuelle.

Si vous souhaitez profiter de ce placement à taux garanti le plus longtemps possible, veillez donc à ne pas vous approcher trop rapidement du plafond. Car vous devez à la fois respecter la règle du plafond, tout en continuant à verser un minimum de 540 euros chaque année.

Exemple : vos dépôts atteignent 60 000 euros au bout de 5 ans. Vous alimentez votre PEL a minima pendant les deux années suivantes, mais le cumul des dépôts atteint 61 080 au 7e anniversaire. Quand vous recevez le document d’information annuelle, vous devez demander à votre banque de mettre fin (prématurément) à la phase d’épargne en cessant les versements, pour profiter de votre plan 5 années supplémentaires (phase d’attente). Sinon, votre banque va casser votre PEL avant son 8e anniversaire, puisqu’il aura atteint le plafond.

 PEL récents : une clôture programmée aux 15 ans

Tous les plans ouverts depuis mars 2011 ont une durée de vie maximale : 15 ans. Dans le détail : 10 ans maximum de phase d’épargne, lors de laquelle vous versez régulièrement ; puis 5 ans de phase d’attente, où votre épargne continue à générer des intérêts, au même taux que lors de la phase d’épargne. Au bout de 15 ans, maximum, votre PEL sera clôturé.

Si vous recevez un document ambiguë évoquant l’échéance annuelle de votre PEL, pas de panique : la prorogation de votre plan est automatique, chaque année, sauf si vous réclamez expressément de mettre un terme à la phase d’épargne. Dans ce cas, ne pas répondre = conserver votre PEL.

 Vieux PEL : ad vitam æternam

Les PEL ouverts avant mars 2011 ? Le taux de rémunération historique de votre plan ne peut pas être revu à la baisse, et vous pouvez conserver cette « aubaine » aussi longtemps que vous le souhaitez. Un cauchemar pour les banques, qui doivent continuer à honorer des rendements de 2,50% ou plus de 3% pour les plans les plus anciens, souscrits lors des années 1980 et 1990, ou au début du millénaire.

En mars 2021, la totalité de ces « vieux » PEL seront en phase d’attente : plus aucun épargnant ne pourra y effectuer de versement, car ces plans auront tous plus de 10 ans. Seule contrainte, si vous souhaitez conserver ces plans sur la durée : ne pas piocher dans cette épargne, tout retrait nécessitant de « casser » le PEL.

 PEL : quelle rémunération, nette d’impôt ?

La fiscalité du PEL a évolué en 2018 : tous les plans ouverts depuis janvier 2018 sont soumis à la flat tax (12,8% d’impôt sur le revenu + 17,2% de cotisations sociales). La rémunération annuelle, nette d’impôt, est donc de 0,70%, le taux brut étant de 1% pour les PEL les plus récents.

Pour les plans ouverts jusqu’en 2017, l’impôt sur le revenu n’est dû qu’à partir du 12e anniversaire du plan. Seules les cotisations sociales (17,2%) sont dues. Ce qui représente une rémunération nette de 2,07% pendant 12 ans pour les nombreux plans affichant un taux brut de 2,50%.

Nos autres articles

-> 4 avril 2024 - RÉGIME FISCAL DES RÉMUNÉRATIONS DES ASSOCIÉS DE SOCIÉTÉS D’EXERCICE LIBÉRAL

-> 4 avril 2024 - Pour la première fois, une étude a cartographié les risques économiques que fait peser la crise climatique sur les chaînes d’approvisionnement mondiales. En cas de chaleurs extrêmes, elles pourraient perdre jusqu’à 25 000 milliards de dollars par an d’ici à 2060, dans le pire des scénarios à l’étude.

-> 4 avril 2024 - TRANSMISSION DU PATRIMOINE : LE PACTE ADJOINT AU DON MANUEL

-> 4 avril 2024 - QUELLES SONT LES CONSÉQUENCES DU DURCISSEMENT DU RÉGIME FISCAL DU QUASI-USUFRUIT ?

-> 30 janvier 2024 - RETRAITES COMPLEMENTAIRES Fin du malus Agirc-Arrco

-> 30 janvier 2024 - Pour repérer les fraudeurs le fisc utilise de plus en plus l’intelligence artificielle

-> 30 janvier 2024 - Immobilier : le marché va-t-il être inondé de passoires thermiques ?

-> 7 février 2023 - La Loi Lemoine en 2/2

-> 7 février 2023 - Un nouvel outil pour lutter contre l’épargne retraite oubliée

-> 7 février 2023 - RENDEZ-VOUS RATÉ AVEC LA VOITURE ÉLECTRIQUE : ELLE AURAIT PU S’IMPOSER DÈS 1899 (article de NOVETHIC)

-> 7 février 2023 - Assurances Vies : Le bon plan des Sociétés Civiles Immobilières

-> 10 octobre 2022 - Permis de louer : un propriétaire écope d’une amende de 15 000 euros à Marseille

-> 10 octobre 2022 - Déblocage anticipé et exceptionnel de votre épargne salariale jusqu’au 31 décembre 2022 : ce qu’il faut savoir.

-> 10 octobre 2022 - Banque : l’ex Barclays (Milleis) pourrait être vendu en 2023

-> 28 septembre 2022 - La subvention et le conventionnement ANAH, une stratégie rentable pour financer les travaux dans l’immobilier locatif ?

-> 31 mai 2022 - La Loi Lemoine vrai révolution, ou suite logique ?

-> 4 avril 2022 - Immobilier : en Ile-de-France, un gisement de bureaux transformables en logements

-> 17 décembre 2021 - Dons aux associations : le point sur les différentes réductions fiscales

-> 17 décembre 2021 - Cadeaux de Noël : combien peut-on donner sans être taxé par le fisc ?

-> 27 octobre 2021 - LE COÛT CACHÉ DU PLASTIQUE SERAIT DIX FOIS SUPÉRIEUR À SES COÛTS DE PRODUCTION, ALERTE LE WWF

-> 27 octobre 2021 - Impôt : un nouveau service pour déclarer ses revenus fonciers et ses locations plus facilement

-> 27 octobre 2021 - BANQUE : Pourquoi votre conseiller change tous les ans ?

-> 20 septembre 2021 - Dons manuels : ouverture d’un site internet pour les déclarer à l’administration fiscale

-> 20 septembre 2021 - Pourquoi les banquiers ne parviennent pas à travailler correctement ? Le ras le bol des banquiers

-> 8 juillet 2021 - La ville de Marseille s’attaque à son tour aux locations de meublés touristiques avant la saison estivale

-> 17 mai 2021 - Prêt immobilier : entre hypothèque et caution, comment choisir ?

-> 25 mars 2021 - Plan épargne logement : ma banque peut-elle clôturer mon PEL sans mon accord ?

-> 25 mars 2021 - La société américaine Cerberus sur le point de racheter les agences de HSBC France

-> 27 juillet 2020 - FAUT IL S’EMPRESSER D’OUVRIR UN PERP AVANT LE 11 SEPTEMBRE 2020 ?

-> 15 mai 2020 - Location meublée : est-il intéressant d’adhérer à un CGA (Centre de Gestion Agrée) ?