Cour des comptes : publication du rapport annuel 2025 sur la situation et les perspectives des finances publiques (https://www.ccomptes.fr/sites/default/files/2025-07/20250702-RSPFP-2025_0.pdf )
Chaque année, la Cour des comptes publie son rapport annuel sur la situation et les perspectives des finances publiques afin d’apporter des éléments au débat public en amont de la préparation, à l’automne, des textes budgétaires.

Le rapport rappelle que la France a traversé deux années particulièrement difficiles en matière de finances publiques, malgré l’absence de choc économique majeur. La Cour insiste sur l’urgence d’agir sur le déficit public :
« le report des efforts n’est plus possible, alors que la charge de la dette publique a déjà doublé entre 2020 et 2024 et devrait devenir le premier poste de dépense de l’État d’ici la fin de la décennie, devant l’éducation nationale et la défense ».
Elle souligne que chaque année supplémentaire de retard dans l’ajustement budgétaire alourdit les efforts futurs, surtout en cas de nouveau choc macroéconomique, et expose la France à des ajustements brutaux en cas de perte de confiance des créanciers.

Selon le rapport, la principale cause réside dans la forte progression du « cœur » de la dépense publique, c’est-à-dire hors charge de la dette et hors mesures exceptionnelles. Cette dépense a augmenté de 2,7 % en volume, soit deux fois plus vite que la croissance économique. Cette hausse est principalement imputable aux dépenses des administrations locales (+2,7 %) et surtout à celles de la sécurité sociale (+3,3 %), en raison de la revalorisation décalée des pensions face à l’inflation élevée de 2023.
Elle appelle à ramener le déficit public sous 3 % du PIB d’ici 2029, comme la France s’y est engagée, mais souligne que cet objectif ne suffira pas : il faudra prolonger l’effort pour atteindre un excédent primaire durable d’environ 1,1 % du PIB, niveau que le pays n’a pas connu depuis près de 25 ans.
La perception de la dette française sur les marchés reste toutefois globalement favorable.
La Cour rappelle que la France dispose d’atouts importants : absence de défaut depuis plus de deux siècles et un marché obligataire très liquide, permettant des transactions rapides et peu coûteuses.
Les agences de notation maintiennent une appréciation globalement positive de la dette française, malgré une dégradation progressive depuis la perte du triple A en 2011. Fitch a encore abaissé la note souveraine de la France le 12 septembre 2025, de AA- à A+.

L’incapacité à contenir ces dépenses en 2024 a conduit au déficit le plus élevé de la zone euro. Le ratio de dette publique atteint désormais 113,2 % du PIB, éloignant la France des pays ayant réussi à stabiliser leur dette en dessous de 110 % du PIB (Espagne, Portugal, Belgique). L’objectif de ramener le déficit sous les 3 % paraît difficilement tenable. Les simulations réalisées concluent toutes à une augmentation continue du ratio dette/PIB dans la seconde moitié de la décennie.
En conclusion, la Cour des comptes insiste sur l’impératif de soutenabilité de la dette publique à moyen et long terme. Stabiliser le ratio d’endettement est une condition minimale, même en cas de conjoncture défavorable.